"Nous sommes heureux d'avoir pu renouer avec les éditeurs chinois"
La Foire internationale du livre de Pékin, fondée en 1986 et organisée par China National Publications Import and Export Group, est devenue la deuxième plus grande foire du livre au monde, la plus internationale d'Asie et la plateforme d'exposition la plus influente en Chine. Elle attire chaque année plus de 2 600 exposants de plus de 100 pays et régions. Elle s'est engagée dans le commerce des droits d'auteur sur les publications étrangères et les publications multimédias numériques, l'importation et l'exportation de publications et la promotion de la lecture en Chine. Le BIBF est également devenu un événement international d’échanges à grande échelle.
Après cinq ans d’absence, le BIEF était enfin à nouveau présent à Pékin. Sur un espace de 126 m², une cinquantaine de maisons d’édition avec près de 1 300 titres ont été exposées sur un stand très bien situé près de l’entrée et la sortie du hall. Une douzaine de professionnels représentant une vingtaine de maisons (ABC Melody, Les éditions de l’Atelier, Casterman, EHESS, Elyzad, Eyrolles, Finitude, Gallimard, Gallimard Jeunesse, Gallimard Loisirs, Mediatoon représenté par Dargaud Shanghai, Piccolia, Rue de l’Échiquier, Éditions du Sonneur, Un chat la nuit) se sont rendus sur place. Tous ont été satisfaits, comme en témoignent ces quelques retours :
Iulian Miron, responsable des droits aux éditions de l'EHESS
"Les groupes comme China Publishing ou Beijing Publishing, des grandes maisons comme Shanghai Translation, People's Literature Publishing House, CITIC ou des presses universitaires comme Guangxi Normal et Peking impressionnent par le volume des catalogues, leurs ressources et la compétence des interlocuteurs que j'ai pu rencontrer, très informés sur l'actualité (y compris française) des sciences humaines et sociales. Tous les auteurs de notoriété sont traduits par les trois-quatre premières marques de CP, mais semblent moins présents dans les très fournies grandes librairies (Sanlian Taofen expose plus de 12 000 titres). Promouvoir des auteurs pas encore traduits en anglais m'a semblé plus difficile dans cette foire qu'ailleurs. Nous sommes heureux d'avoir pu renouer avec des éditeurs chinois rencontrés en 2014-2015 et comptons retourner à Pékin. Pour l'édition chinoise mais aussi pour découvrir d'autres maisons, pas seulement asiatiques."
Viviane Alloing, chargée des droits aux éditions Eyrolles
"C’était une foire nécessaire après une légère baisse du CA chinois dernièrement. Sur les secteurs pratique et illustré, c’est d’autant plus important de rencontrer "physiquement" les éditeurs. On a plus d’impact, surtout dans un pays où les ISBN sont limités. Les éditeurs étaient très contents de nous revoir en Chine, eux qui font partie des grands absents à Francfort et Londres. J’étais ravie de rencontrer des éditeurs vraiment variés à qui j’ai pu présenter des pans très différents de notre catalogue (jusqu’à l’informatique et l’ingénierie/BTP). Maintenant, reste à voir comment ces échanges vont se concrétiser d’ici quelques mois."
Florence Giry – Florence Giry Agency
"J’avais moins de rendez-vous qu'espéré mais de grande qualité avec des éditeurs motivés et qui avaient regardé les catalogues en amont. Des échanges très intéressants et sympathiques. On voit que la Chine subit elle aussi une crise économique, d'où l'importance de garder le contact grâce à la présence efficace du BIEF."
Yan Dong, directrice des cessions Mediatoon pour la Chine
"Cette année, c’est le grand retour de tous les participants internationaux. Le salon était plus dynamique que les dernières éditions. Cependant l’ambiance entre les confrères était moins chaleureuse. Les éditeurs locaux traversent des grandes difficultés liées à la baisse économique mais aussi à l’impact de l’e-commerce. De façon générale, il y a un ralentissement important de l’achat des droits. En ce qui concerne la BD, j’ai remarqué un vrai développement de la bande dessinée franco-belge en Chine depuis 2014. Au début, seuls quelques livres ont été publiés et maintenant des maisons créent des départements spécialisés pour introduire la BD et les romans graphiques en Chine. L’ambassade de France y a beaucoup contribué en organisant la Fête des Bulles tous les ans depuis 8 ans consécutifs. Cependant avec la crise économique, les BD et les romans graphiques se vendent moins car ils coûtent cher. La bonne nouvelle est que les romans graphiques jeunesse sont en train de rencontrer un vrai succès en Chine, c’est rassurant mais nous devons continuer notre travail pour que les lecteurs chinois considèrent les BD comme de 'vrais livres'".
Judith Rosenzweig, directrice des droits étrangers chez Gallimard
"En dépit des difficultés actuelles, les éditeurs chinois ont répondu présents en nombre. Cette foire très organisée, avec un bel espace français, a été un temps essentiel pour mieux saisir les particularités de ce vaste paysage éditorial et, bien sûr, pour renforcer nos liens avec des éditeurs qui se déplacent relativement peu à Francfort ou à Londres."
Propos recueillis par Christine Karavias
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