Le BIEF compte désormais une chevalière des Arts et des Lettres dans ses rangs !

Portrait et entretien de professionnel

janvier 2025

BIEF : Alice Tassel, l’Ordre des Arts et des Lettres est une décoration attribuée par le ministère de la Culture pour récompenser "les personnes qui se sont distinguées par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde". Vous l’avez reçue en 2020, en plein Covid et c’est en novembre 2024 qu’une cérémonie officielle a finalement été organisée par les Services culturels français à New York. Comment avez-vous réagi à l’annonce de cette décoration ?


Alice Tassel : "Il y eu la surprise de l'annonce mais à vrai dire je n’en reviens toujours pas ! J’ai eu le plaisir de partager la cérémonie de remise de la médaille avec quatre autres lauréats dont deux sont des amis éditeurs (Dan Simon, fondateur de Seven Stories Press, fait commandeur, et Michael Reynolds, éditeur chez Europa Editions). Cela n’en était que plus joyeux et intime."


BIEF : Que signifie ce titre pour vous et pour FPA ?


Alice Tassel : "C’est un titre qui honore ma contribution au rayonnement de la culture française, et c'est donc une satisfaction personnelle, mais c’est aussi un accomplissement professionnel à travers mon travail - et celui de mes prédécesseurs chez FPA - au service des éditeurs français . Je vis à New York depuis bientôt 23 ans ; je suis venue faire un stage à FPA et ne suis jamais partie ! J’y ai pris du galon jusqu’à reprendre les rênes de l'agence en 2018."


BIEF : Comment travaillez vous au quotidien aux côtés de votre collègue Pascale Montadert qui lit et propose des titres de sciences humaines et sociales français aux éditeurs américains ?


Alice Tassel : "Même si son intérêt premier et sa connaissance du domaine non-fiction en fait la spécialiste à l’agence, Pascale s’occupe aussi de littérature. Bien que nous travaillions le plus souvent à distance, nous sommes néanmoins quotidiennement en relation par email, par téléphone ou en visioconférence. Et c'est important de nous retrouver régulièrement "en vrai" pour conserver une vraie force dans nos échanges".



BIEF : En 2023, nous avons fêté les 40 ans de FPA à New York. Quels sont vos principaux défis aujourd’hui ?


Alice Tassel : "FPA représente une sélection de titres et non des catalogues exclusifs (à l’exception de Sabine Wespieser Éditeur) et nous défendons avec la même ardeur les titres des petites maisons que ceux des maisons les plus connues. Notre expérience du marché américian pourrait nous amener à promouvoir plus de titres à fort potentiel. La demande grandissante des éditeurs américains de bénéficier de larges extraits de traduction en anglais (voire de traductions intégrales) est également un défi, tout comme la question d’utiliser l’IA pour la traduction en sciences humaines et sociales. Et il y a bien sûr l’éternel problème des coûts de traduction mis en avant par les éditeurs US alors que les best sellers ici sont souvent des livres de 400 pages !"



Nicolas Roche, Alice Tassel et Pascale Montadert 
lors des 40 ans de The French Publishers' Agency


BIEF : Le marché américain est peu ouvert aux traductions et comme partout ailleurs il se tend davantage en raison du contexte géopolitique. Et pourtant 2024 a été une bonne année pour FPA. Pourquoi ?


Alice Tassel : "Nous sommes une structure légère et particulièrement bien identifiée par les éditeurs américains, c'est une force ! Nous continuons chaque année à réaliser des dizaines de contrats et à gérer des royalties pour un nombre significatifs de titres quelquefois pour des long-sellers (comme Suite française ou encore les titres d'Annie Ernaux). Nous gardons le cap."

 

BlEF : Quelles sont vos perspectives pour 2025 ?


Alice Tassel : "Maintenir la qualité de notre catalogue bien sûr et étendre nos services à des éditeurs de petite taille pour qui le marché américain n'apparait pas toujours facile à appréhender."



Propos recueillis par Katja PETROVIC