Environ 500 éditeurs réunis à la troisième édition du Paris Book Market

Compte rendu

juin 2024

BIEF : Claire, mis à part la météo affreuse qui a empêché les participants de fêter l’inauguration du Paris Book Market sur l’immense roof top de la Cité de la mode, cette troisième édition était encore un succès…


Claire Mauguière : "Oui, et malgré la pluie, 400 personnes sont venues au cocktail d’inauguration. Les éditeurs étaient également au rendez-vous pour les autres manifestations que nous avons organisées pour la première fois cette année comme la "Veille du Paris Book Market" - une journée professionnelle supplémentaire qui se tenait, comme son nom l’indique, la veille de l’ouverture mais qui servait également à faire la veille sur les différents marchés du livre. Pour commencer, nous avons planifié une table ronde sur l’édition en Inde (suite au séjour d’études coorganisé par le Bief et l’IF Inde à Delhi) et une table ronde destinée aux marchés secondaires du livre, à savoir les adaptations en livres audio, les droits de copie ou les droits étrangers. C’était intéressant de découvrir les réalités de ces marchés. La Veille du Paris Book Market a également permis d’organiser des rendez-vous BtoB entre les éditeurs étrangers et les chargés du livre des Instituts français."


BIEF : Autre nouveauté importante cette année : l’invitation d’une quinzaine d’éditeurs francophones du Québec, du Maroc, d’Algérie, du Liban, de Belgique et de Suisse qui présentaient leurs propres catalogues au même titre que les éditeurs français.


Claire Mauguière : "C’était une très bonne chose pour tout le monde de leur offrir la possibilité de présenter leurs titres. Pour les éditeurs étrangers qui font de l’acquisition du français et qui viennent au Paris Book Market, cela n’a pas d’importance que l’auteur soit publié par un éditeur belge, suisse ou marocain. Ce qu’ils souhaitent, c’est découvrir le marché francophone dans sa diversité. Quand nous avons pris contact avec les éditeurs francophones via les Instituts français ou les associations d’éditeurs des différents pays, il fallait leur expliquer ce que serait leur rôle, car habituellement lorsque nous les sollicitons c’est pour diffuser notre propre production française au sein de l’espace francophone, là, c’est une autre façon de travailler avec ces professionnels : nous sommes côte à côte pour parler ensemble aux éditeurs étrangers des livres en français, c’est intéressant que ces lignes bougent. Du côté français, nous avions encore plus d’inscrits cette année, notamment les petites maisons dont certaines ont adhéré exprès au BIEF pour participer au Paris Book Market."


Propos recueillis par Katja Petrovic 


La parole aux participants francophones


Hachette Antoine au Liban, les Presses universitaires belges et la maison marocaine Le Fennec faisaient partie des éditeurs francophones invités pour la première fois au Paris Book Market. Voici le retour de leurs responsables.


Emilie Menz, directrice éditoriale aux Éditions de l'Université de Bruxelles


"J’ai été contactée par l’Association des éditeurs belges (ADEB) pour savoir si je voulais participer et je ne le regrette pas du tout ! Je suis déjà venue l’année dernière mais en tant qu’éditrice étrangère, donc c’était moins intéressant. Cette année nous pouvions nous-mêmes vendre nos droits et cela se passe très bien. Nous publions 25-30 nouveautés par an principalement en français, suivi de l’anglais, dans tous les domaines des sciences humaines et sociales, en statistiques et en mathématiques. J’ai rencontré un éditeur brésilien, un catalan, un éditeur allemand, un anglais et une agente russe. C’est intéressant de découvrir leurs marchés et de voir ce qui les intéresse dans l’édition francophone, quelles sont leurs perceptions de l’édition académique. J’ai eu 14 rendez-vous sur les deux jours. L’atmosphère et l’organisation au Paris Book Market sont excellentes, tout est très simple et j’ai pu également renforcer mes relations avec les éditeurs français."


Najla Reaidy, directrice éditoriale au département jeunesse chez Hachette Antoine au Liban


"C’est une chance d’être là, cela nous donne plus de visibilité sur les maisons françaises. J’ai pu rencontrer beaucoup d’éditeurs à qui j’ai acheté des droits mais que je ne connaissais pas personnellement. Je ne suis jamais venue à Paris, mais maintenant je me sens plus impliquée, cela m’encourage à revenir au Salon du livre et à participer de nouveau au Paris Book Market si c’est possible l’année prochaine. Les éditeurs français sont contents de nous voir et de découvrir notre catalogue qui est principalement en arabe mais qui compte également des titres en français. Ils sont ouverts aux rencontres spontanées même si c’est juste pour 10 minutes entre les rendez-vous officiels. En tant que Libanaise et francophone je me sens très proche des éditeurs français, peu importe le secteur éditorial. C’est très différent des marchés arabes où nous rencontrons majoritairement des anglophones."


Layla Chaouni, fondatrice de la maison Le Fennec, basée à Casablanca


"Nous publions de la littérature, des essais, des livres audios et des beaux livres en arabe, en français et parfois en anglais. Je ne connaissais pas du tout le Paris Book Market. Je ne savais pas à quoi m’attendre, j’ai pris mes rendez-vous en amont, mais concrètement je n’imaginais pas que cela allait être aussi convivial. Ici c’est à échelle humaine. Quand je suis à Francfort, je suis passablement stressée et je ne vais pas à l’aventure, alors que là je suis sortie des sentiers battus. Cela m’a permis de rencontrer une éditrice de Hambourg qui voulait connaître des éditeurs francophones hors de France. J’ai également rencontré deux éditeurs de Vancouver ! Jamais je n'aurais toqué à leur porte et ce qui les intéressait ce sont mes livres sur la nature, les plantes, les épices, c’est une belle surprise. Sans parler des éditeurs francophones avec qui je travaille déjà et que j’ai retrouvés ici, comme par exemple les Tunisiens. Cela fait longtemps que je n’étais pas allée au Salon de Tunis et nous allons certainement faire des coéditions suite à notre rencontre au Paris Book Market."


Propos recueillis par Katja Petrovic