Une programmation éclectique à la Foire du livre de Varsovie

Compte rendu

juillet 2024

La Foire du livre de Varsovie est le grand événement littéraire de l’année qui convie dans un même temps trois grands festivals : le Festival de la bande dessinée de Varsovie, le Festival criminel de Varsovie et le Festival intergénérationnel de littérature pour enfants "Pères et enfants". Des "Rencontres avec la science" regroupant 17 maisons d’édition spécialisées ainsi que des panels et discussions avec les principaux créateurs de Bookmedia (Application Google) ont complété le programme.



 

Les influenceurs à l’honneur sur ce salon


L’espace Literary InfluSpace a été créé pour intégrer le monde des réseaux sociaux à la culture traditionnelle de la lecture. C’est au café Kinoteka, à l’entrée du palais de la culture, qu’une plateforme de discussion, d'échange d'idées et de promotion du livre et de la lecture a été installée. Ceux qui façonnent les opinions et les tendances ont pu s’exprimer lors de tables rondes pour aborder des sujets tels que : "Premiers pas de livres sur TikTok", "Secrets des Bookstagrammers", "Est-ce ça vaut le coup d'être un influenceur de livres ?", "La haine sur Internet", ou encore "La critique littéraire à l’ombre de Bookmedia".

 

Plus de 1 000 titres exposés sur le stand France à Varsovie 


Avec près de 60 rencontres et ateliers avec des auteurs du genre, ainsi que trois expositions, ce festival, organisé par l’Association polonaise de la Bande dessinée, a ravi le public, sans oublier un volet pour les professionnels destiné aux créateurs et aux éditeurs. Parmi les stars du Festival  figuraient des invités étrangers : Craig Thompson, Aimée de Jongh, Marco Gervasio, Tommi Musturi, Ana Penyas, Benoît Peeters, Ersin Karabulut, Gyula Pozsgay, Teresa Radice et Stefano Turconi, Thom Pico, Karensac, Josh Simmons, Sofia Sulij et Yevgeniya Kuznetsova, Francesca Carità Ben Gijsemans, Liv Strömquist…


 

L’Italie, pays invité d’honneur


"Ci vuole un fiore" (Il faut une fleur), tel était le thème central de la présentation italienne. Ce titre d'un célèbre poème de Gianni Rodari, invite le public à capturer le lien profond et inextricable entre l’être humain, l’environnement naturel et la planète. "Des questions qui, aujourd’hui, sont devenues une priorité absolue en faveur d'un développement durable et équitable", a déclaré Luca Franchetti Pardo, ambassadeur d'Italie à Varsovie. 12 maisons d'édition italiennes représentant différents segments du marché de l'édition ont présenté leur production. La librairie Italicus a commercialisé une sélection de titres en italien ainsi que des traductions polonaises. Plus de 20 auteurs italiens ont fait le déplacement et sont intervenus lors de débats littéraires, sans compter leur présence lors de séances de dédicaces fort appréciées du public polonais.

 

Le stand France


Comme l’an passé, les organisateurs ont réservé un très bel emplacement à la France, juste à l’entrée du palais. Plus de 1 000 titres y représentaient une cinquantaine de maisons d’édition. Trois responsables de droits étrangers avaient fait le déplacement : Janice Yip de chez Hachette Illustré, Marina Huguet, agente représentant les éditions ABC Melody, et Renata de la Chapelle, agente représentant différentes maisons françaises et, cette année, plus particulièrement les éditions Récamier.

 

Renata de la Chapelle en rendez-vous à Varsovie


Les prises de rendez-vous pour les éditeurs français ont été compliquées à obtenir ; certains de leurs homologues polonais indiquaient qu’ils n’auraient pas de stand et ne se rendraient pas à cet événement, bien qu’il n’y ait pas de droit d’entrée à acquitter. Malgré cela, les éditeurs français ont été plutôt satisfaits de leurs échanges, à l’image de Janice Yip qui a enchaîné les rendez-vous sur le stand.



De son côté, Marina Huguet constate que le fait qu'une autre foire internationale du livre ait eu lieu la semaine précédente à Varsovie "a atténué l'enthousiasme ou la présence des éditeurs. En tant que salon plus tourné vers le public, c'était une belle opportunité de découvrir de nouveaux noms d'éditeurs polonais, mais souvent, les personnes présentes sur les stands n’étaient pas forcément les acheteurs de droits. Je pense malgré tout avoir bientôt une proposition pour la série Mystère, il faut dire qu’aujourd’hui les éditeurs, en règle générale, prennent plus de temps pour se décider à acheter les droits d’un titre ou d’une série". Renata de la Chapelle constate également que les discussions sont plus longues, qu’il y a plus d’incertitude et que les éditeurs polonais réfléchissent beaucoup plus longuement quant à l’achat de droits d’un titre. Malgré toute la bonne volonté des organisateurs, les professionnels, dans leur majorité, déplorent la tenue d’un autre salon quelques jours avant celui-ci. Il est difficile de motiver les éditeurs polonais participant à l’un de se déplacer pour le second. Espérons que les organisateurs de ces deux événements trouvent une solution à cette situation dommageable pour tout le monde, à l’exception du public.

Christine KARAVIAS