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Portrait et entretien de professionnel

Questions à Sherri Aldis (Chêne) et à Christine Legrand (Groupe Libella) de retour de la Foire du livre de Taiwan

juillet 2012

De retour de la Foire du livre de Taipei, toutes deux ont souligné le dynamisme du marché taiwanais et son ouverture de longue date à la France.


Questions à Sherri Aldis, directrice internationale aux Editions du Chêne

BIEF : Est-ce que vous travailliez déjà avec les éditeurs taïwanais ?
Sherri Aldis : Nous avions quelques contacts avec les éditeurs taïwanais (TK Publishing et Cube Press, par exemple) depuis plusieurs années, mais pas de manière construite. Pendant les foires internationales (surtout Pékin, mais aussi Francfort ou Londres), nous rencontrions des éditeurs taïwanais. C’est justement ces contacts qui nous ont donné envie d’approfondir ce marché en assistant à la Foire de Taipei, en visitant le pays et aussi les librairies afin de comprendre son fonctionnement. 
 
BIEF : Est-ce que cette foire vous a permis d’identifier de nouveaux éditeurs ?
S. A. : J’ai rencontré beaucoup d’éditeurs que je ne connaissais pas. L’intérêt d’une foire comme celle-là est effectivement de prendre contact personnellement avec des éditeurs qui publient des livres similaires aux nôtres. J’ai remarqué qu’il y a peu de contacts avec les éditeurs de passage ; il vaut mieux avoir des rendez-vous pris et préparés à l’avance. J’ai pu rencontrer aussi quelques éditeurs de la Chine continentale.
 
BIEF : Quel genre d’ouvrages les intéresse ?
S. A. : Dans notre catalogue, c’était surtout des livres d’art de vivre qui intéressaient les éditeurs taïwanais, notamment les livres de cuisine ou de décoration intérieure. Lors de la foire, j’ai constaté un intérêt marqué pour les livres d’art et de voyage (plutôt de petits livres plus orienté "art de vivre" que de gros livres de photographies). L’engouement de la Chine continentale pour les livres sur le vin semble exister aussi à Taïwan. Il s’agit presque exclusivement de cessions de droits, mais le marché est suffisamment sophistiqué pour que les coéditions soient envisageables pour quelques titres haut de gamme avec certains éditeurs.

BIEF : Quelles ont été vos impressions sur cette foire ?
S. A. : Le marché taïwanais est assez sophistiqué, beaucoup plus ouvert aux tendances occidentales que le marché de la Chine continentale. Il est évident qu’il y a une habitude de travailler à l’international, une ouverture de longue date qui permet des relations plus simples et une compréhension des livres et des façons de travailler plus immédiate. La foire représente cette sophistication et ce dynamisme. Les livres de jeunesse étaient particulièrement bien représentés, mais il y a une place intéressante pour les livres d’art et d’art de vivre.
 
 
Impressions de Christine Legrand, responsable des cessions de droits pour le Groupe Libella (Buchet-Chastel, Noir sur Blanc, Phébus)

 
C’était ma première participation à la Foire de Taipei et à une foire en Asie en général. Cette foire m’intéressait, car il me semblait qu’elle me fournirait l’occasion de rencontrer “en direct” des éditeurs avec lesquels nous traitons depuis l’Europe, essentiellement par le biais de sous-agents. Lors des grands rendez-vous internationaux, les éditeurs taïwanais ne se déplacent pas nécessairement : aller à leur rencontre était la seule façon de voir leurs stands et mieux connaître leur production.
Sur tous ces points, mon déplacement à Taipei a été plus que positif. Outre la qualité de la prise en charge, la chaleur et le professionnalisme de l’accueil, j’ai particulièrement apprécié la richesse et la variété des interlocuteurs rencontrés : éditeurs, lecteurs de maisons d’édition, traducteurs, qui sont pour nous, éditeurs européens, souvent de précieux relais d’information.
 
J’ai été particulièrement frappée par le dynamisme du Bureau du livre de Taipei, qui fait un impressionnant travail de promotion de la production française en étroite collaboration avec les partenaires locaux (notamment Le Pigeonnier, la célèbre librairie française de Taipei). J’ai été également impressionnée par la longue tradition francophile de la foire. La France en est effectivement un partenaire historique, la taille et la fréquentation du stand français le prouvaient largement…
Outre les rendez-vous fixés depuis la France, j’ai pu créer de nouveaux contacts dans un cadre plus informel, grâce aux soirées organisées alternativement par la foire et le Bureau du livre.
 
Les éditeurs taïwanais s’intéressent non seulement à la production littéraire contemporaine française, mais également à la non-fiction (le fameux “self-help”, en particulier…). J’ai trouvé leur intérêt pour l’illustré plus limité. J’ai été frappée par leur volonté d’imposer des auteurs sur le long terme : ainsi, un récit de Colette, dont j’avais cédé les droits en 2011, ne sera publié qu’en 2013 pour permettre à l’éditeur d’accompagner la parution de cette traduction d’autres titres du même auteur et de l’introduire de façon cohérente auprès du public taïwanais. Comme leurs confrères étrangers, les éditeurs nationaux sont sensibles à l’argument des “best-sellers” et des ouvrages commerciaux, mais ils ne s’y limitent pas. J’en veux pour preuve cette toute petite structure rencontrée sur place, Alone Publishing, qui a inauguré son catalogue avec la traduction d’un roman de Christian Gailly…


Propos recueillis par Christine Karavias

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