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Le livre au cœur des échanges culturels entre la France et l’Allemagne

juillet 2012

Tandis que se profile le 50e anniversaire du Traité de l’Elysée, qui sera l’occasion de donner un nouvel élan à la relation franco-allemande dans un contexte désormais mondialisé, il est intéressant de constater que la collaboration entre les deux pays est plus vive que jamais dans le domaine de la culture et plus spécifiquement dans celui des livres.
Tandis que se profile le 50e anniversaire du Traité de l’Elysée, qui sera l’occasion de donner un nouvel élan à la relation franco-allemande dans un contexte désormais mondialisé, il est intéressant de constater que la collaboration entre les deux pays est plus vive que jamais dans le domaine de la culture et plus spécifiquement dans celui des livres. Les rencontres franco-allemandes d’éditeurs de littérature, qui se sont déroulées les 29 et 30 mai derniers à l’Ambassade de France à Berlin, ont une nouvelle fois illustré l’intensité des échanges entre les milieux français et allemand de l’édition.
 
Les marchés français et allemand de l’édition
Il semble utile de souligner que le chiffre d’affaires de l’édition française est de 4,3 milliards d’euros, soit moins de la moitié des 9 milliards d’euros de l’édition allemande –que Jacques Toubon n’hésite pas à qualifier d’industrie lourde. Par ailleurs, nos pays connaissent des situations comparables avec un marché du livre qui a régressé en valeur en 2011 de 1,2% pour la France et de 1,8% pour l’Allemagne. Ils pratiquent tous deux, aux côtés de l’Espagne, le prix unique sur le livre numérique avec un CA dans ce secteur quasi-identique en 2011, de l’ordre de 1,2%. Le livre est, en France comme en Allemagne, la première des industries culturelles à l’exportation (en ventes de livres et cessions de droits cumulées). Le français est la deuxième langue la plus traduite en Allemagne, et l’allemand occupe la troisième position des langues les plus traduites en France*.
 
On le voit, les marchés éditoriaux français et allemand entretiennent d’étroites relations, malgré les clichés (ou peut-être aussi grâce à eux !) qui subsistent parfois sur la littérature du pays partenaire**. Alors que les Français perçoivent encore souvent l’Allemagne à travers les évocations de la Seconde Guerre mondiale et de la chute du Mur de Berlin, les ouvrages français proposés au lecteur allemand relèvent parfois, du moins pour le grand public, d’une certaine "Eiffelturmliteratur" ("littérature Tour Eiffel", pour reprendre le terme d’Ulrike Ostermeier des éditions Ullstein) : cette dernière se nourrit des clichés sur la France en général (pays de l’art de vivre) et sur Paris en particulier (capitale de l’amour). Toutefois, on parle aussi de "Immigrationsliteratur" avec des auteurs tels qu’Atiq Rahimi ou encore Yasmina Khadra. Outre ces deux tendances, l’édition indépendante, ainsi que quelques "lektoren" engagés, continue de faire montre d’une évidente audace francophile avec des maisons dont le travail de fond joue un rôle essentiel en matière de transmission d’œuvres littéraires (parfois même patrimoniales avec notamment d’ambitieuses retraductions) et d’ouvrages de sciences humaines et sociales. On peut à ce titre évoquer Matthes & Seitz, Diaphanes Verlag, Wunderhorn Verlag, Merlin Verlag ou encore l’autrichien Passagen Verlag, etc. C’est grâce à eux que l’on peut notamment lire outre-Rhin Georges Perros, Jean Echenoz, Pascal Quignard, Edouard Glissant, Boualem Sansal ou encore Jacques Rancière.
 
La bande dessinée et le roman graphique gagnent quant à eux nettement en visibilité et les auteurs français ne sont pas en reste ; il suffit de voir les catalogues de Reprodukt ou encore d’Avant Verlag pour constater qu’ils constituent des références de choix, de Joann Sfar à Christophe Blain en passant par Guy Delisle.
Enfin, en ce qui concerne les livres pour la jeunesse, la production française continue de fasciner par sa créativité, avec, par exemple, Joëlle Jolivet, Isabel Pin ou encore Benjamin Lacombe.
 
Pour une coopération décisive
Il est difficile de résumer ici une histoire éditoriale commune aussi riche. Aujourd’hui, en France comme en Allemagne, l’industrie culturelle du livre est en pleine mutation. Les questions qui émergent appellent une réflexion approfondie que nous devons mener de concert car nos destins sont plus liés que jamais. En effet, nos marchés ne sont plus isolés et les cadres juridiques qui les régulent (ou risquent de les déréguler) ne se décident plus uniquement à Paris ou Berlin. Au-delà de l’échange des contenus qui nous anime avec toujours autant de ferveur, il revient aussi à l’édition française et allemande de travailler ensemble à l’élaboration de positions communes, ce à un niveau plus politique. La coopération franco-allemande revêt une importance fondamentale pour assurer la pérennité de l’industrie européenne du livre car, de part et d’autre du Rhin et cela ne fait pas de doute, nous partageons une même conviction quant au rôle fondamental que joue l’édition dans la création et la transmission des œuvres et des savoirs.
 
* En France, 15,9% des titres parus en 2011 sont des traductions. L’allemand est la 3e langue représentée avec 6,5% des titres traduits (derrière l’anglais et le japonais). En Allemagne, les traductions représentaient, en 2010, 12,8% des titres parus. Le français est en 2e position (10,2% des traductions), derrière l’anglais (65%) et devant le japonais (5,8%).

** L’allemand est depuis 2011 la première langue de destination des traductions du français. En 2010, le nombre de titres français cédés en Allemagne est de 1 100 contre 469 titres allemands cédés en France la même année, soit moins de la moitié. La France se positionne ainsi au 5e rang des pays acquéreurs de licences de livres allemands. (Source : Börsenverein des Deutschen Buchhandels 2011)
 
 
Le Bureau du Livre de l’Ambassade de France
Le Bureau du Livre de l’Ambassade de France à Berlin joue un rôle actif d’intermédiaire en coordination étroite avec l’Institut français à Paris. Sa mission est de promouvoir le livre français et francophone en Allemagne, quel qu’en soit le genre. Vecteur d’influence et outil de la diplomatie culturelle française, son action s’articule autour de plusieurs activités :
• la mise en place de tournées d’auteurs en Allemagne, en coopération avec les maisons d’édition allemandes ainsi que les institutions littéraires locales,
• l’attribution d’aides à l’acquisition de droits, à la publication et à la traduction destinées aux éditeurs allemands,
• l’organisation de rencontres interprofessionnelles conjointement avec le BIEF,
• un rôle de conseil et un soutien logistique à l’organisation de festivals, de débats d’idées ou de toute manifestation liée au livre,
• un travail de veille sur l’évolution du marché : numérique, prix unique du livre, TVA (cf. travail mené aux côtés de Jacques Toubon dans le cadre de sa mission sur la fiscalité des biens culturels dématérialisés),
• un soutien logistique et une fonction de conseil auprès des médiathèques du réseau et une mission de coordination de ces mêmes médiathèques (avec la mise en place de Culturethèque, plateforme de contenus numériques francophones).

Elisabeth Beyer, Bureau du livre de l'ambassade de France en Allemagne

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