La création de la Foire de Bologne en 1963 est partie de deux constats : il fallait animer un nouveau quartier des foires dont s’était équipée la ville et il n’y avait pas de place à la Foire du livre de Francfort pour le livre jeunesse. Ainsi commence son histoire, jusqu’à devenir le premier salon mondial de livres pour la jeunesse.
La création d’un réseau de professionnels
Peu d’éditeurs jeunesse résidant à Bologne, la foire fut d’abord centrée sur l’éducatif. Mais, très vite, elle fut adoptée au niveau international pour devenir une foire d’échanges de droits et de coéditions, dont les exposants étaient à 90% constitués d’étrangers, une « exception mondiale » pour une foire du livre, rappelle Roberta Chinni.
Sa directrice, Francesca Ferrari, eut des contacts permanents avec l’édition française – des éditeurs comme Pierre Marchand ont beaucoup soutenu cette manifestation. « Et, depuis toujours, la présence française est l’une des plus importantes ». Après celle des Anglo-Saxons, avant celle des Allemands et des Espagnols. Plus tard viendront les pays asiatiques : le Japon, la Corée et la Chine.
A partir de 2000, la foire a changé de format et s’est scindée entre une partie dédiée au public italien et aux libraires et une autre aux seuls professionnels italiens et étrangers. Mais la spécificité de cette foire reste « d’avoir créé un réseau de professionnels », une communauté internationale d’éditeurs du même domaine, qui se retrouvent chaque année pour discuter, échanger des idées, parler affaires, négocier des contrats…
Un éloge permanent à l’illustration
Un autre point fort, souligné par Roberta Chinni, a été de « représenter toute la filière du livre, du projet à la réalisation », et d’attirer aussi bien les auteurs, les illustrateurs, les éditeurs, que les libraires ou les producteurs de télévision…
Chaque année, 70 pays sont représentés lors de la désormais célèbre exposition des illustrateurs, « reflet des dernières tendances et innovations en la matière », qui constitue le cœur de la foire, comme pour rappeler que le business sans la création n’est rien, et que tout commence par là, l’image avant le texte, pour mieux lui ouvrir la voie… « L’invitation d’honneur, créée il y a quinze ans, porte d’ailleurs toujours sur un pays où la place de l’illustration est forte ».
Les Bologna Ragazzi Award, prix décernés un mois et demi avant la foire en fiction et en non-fiction, réservés aux exposants, ont souvent récompensé des auteurs et illustrateurs français (dont Frédéric Clément, Marcelino Truong, Jean Claverie, Anne Herbauts…). À noter, la catégorie New Horizons, introduite depuis peu pour les éditeurs des pays arabes, d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique.
Tous ces événements apportent à la foire une grande notoriété, quasiment une valeur de patrimoine. Pour autant, elle vit aussi au présent : creuset permanent d’idées, adaptation aux dernières évolutions du marché, comme l’ouverture à l’audiovisuel et au licensing.
Si Bologne est une formidable exposition de tout ce qui se produit dans le monde en matière d’édition jeunesse, elle est aussi le lieu où s’initient de nombreux projets. Parfois « machine de guerre » stratégique de grands groupes internationaux, elle est aussi, incontestablement, machine de création.
Les grands moments de l’édition 2010 pour Roberta Chinni ? La présence de l’illustrateur australien Shaun Tan, la Slovaquie invitée d’honneur, l’hommage à l’œuvre de Gianni Rodari, le grand écrivain italien pour la jeunesse, lauréat du prix Andersen en 1970 et traduit en 50 langues. Pour 2011 ? L’invitation d’honneur de la Lituanie et une conférence sur l’édition digitale.
Quelques chiffres, Bologne 2010
· 200 exposants
· 20 000 m²
· 66 pays
· 104 agents littéraires
· 4 763 visiteurs étrangers
· 7 882 visiteurs italiens
· 2 454 participants au concours pour l’exposition des illustrateurs
· 87 artistes sélectionnés
Stand BIEF 2010
· 250 m²
· 46 maisons représentées
· Une centaine de professionnels présents : éditeurs, directeurs de maisons, chargés des droits, représentants d’associations.
· Nouveaux éditeurs représentés : éditions des grandes personnes, Anna Chanel, Benjamins média, Cerise bleue, Editions Courtes et Longues, Le Vengeur masqué.